La jeune joint-venture issue d’une collaboration entre le groupe Engie et la société GreenYellow ( filiale énergie du groupe Casino), compte bien maintenir sa place de leader en France sur le marché de l’autoconsommation solaire pour les entreprises et collectivités. Dès sa création en 2018, Philippe Reynard, Directeur Général de Reservoir Sun, délaisse le modèle historique d’injection réseau pour se consacrer à l’autoconsommation.

L’autoconsommation : la solution pour un circuit court de l’énergie ?

Le modèle historique, appelé injection réseau, consiste à louer la toiture d’un bâtiment pour y construire une centrale solaire. L’énergie solaire produite sur le site est ensuite revendue à EDF : ça, c’était avant ! Le modèle proposé par Reservoir Sun- le « Solaire 2.0 » comme le dit Philippe Reynard – se montre plus innovant : revendre directement l’électricité produite au gérant du bâtiment à un prix plus bas que son fournisseur actuel. Ce dernier réalise une économie considérable sur sa facture d’électricité. Si la surface exploitée se montre insuffisante pour répondre aux besoins du client, cette solution durable peut s’ajouter à un système d’alimentation classique par le réseau. Le stockage étant encore impossible, car trop onéreux, à l’échelle des entreprises et collectivités.

Phillipe Reynard, ancien responsable du solaire intégré au bâti chez Engie, a su analyser que certains clients refusaient maintenant ce modèle historique et cherchaient à se tourner vers l’autoconsommation, perçu comme le Graal. Avec la volonté de prendre le lead sur un nouveau marché, il opte pour ce business tourné à 100% vers l’autoconsommation solaire. En un an et demi, l’entreprise se construit une notoriété remarquable en détenant 60% des parts de ce marché en France.

Le nom, Reservoir Sun, est clivant : considérer le soleil comme une banque d’énergie inépuisable à faire de l’électricité verte. Avec l’autoconsommation solaire, on produit sur place et on consomme sur place. Un circuit court de l’énergie qui affranchit les entreprises et collectivités du réseau et renforce leur indépendance.

Une entreprise agile en pleine expansion

Regroupant aujourd’hui 54 employés contre 23 lors de sa création, Phillipe Reynard tient à conserver l’agilité de Reservoir Sun, toujours « en mode start-up ». Après le développement du secteur commercial, Reservoir Sun se structure pour affronter le défi industriel engendré par la volonté d’implanter ses centrales partout en France. Avec pour ambition de maintenir sa place de leader incontesté dans le pays, l’entreprise se fixe pour objectif de produire 100 megawatts par an avec ses centrales solaires. Cela représente 100 millions d’euros d’investissement, qui pour avoir un ordre de grandeur, correspond à environ 1 million de mètres carrés de toiture.

Focalisé sur le modèle BtoB, la conquête du BtoBtoC se projette dans le cadre de l’autoconsommation collective (partagé entre plusieurs sociétés ou par les habitants d’une résidence collective). Exporter son expertise à l’étranger s’envisage également, et pas forcément vers les pays les plus ensoleillés, comme on pourrait le croire. L’exploitation solaire y est bien sûr plus économique car il y a une opportunité de produire plus d’électricité en avançant les mêmes coûts pour construire les centrales, mais l’ensoleillement n’est pas la seule variable. Il faut prendre en considération les besoins émis par les clients et leur facture d’électricité. Ainsi, l’autoconsommation rend le solaire accessible à tous, que l’on soit à Marseille ou à Lille car l’ensoleillement n’est plus le seul critère de rentabilité. L’autoconsommation consiste en une approche énergétique globale de nos clients. On considère plusieurs facteurs : les besoins du client, les actions d’économie d’énergie, le profil de consommation, du site, le verdissement de son alimentation, la sécurité d’alimentation.